Lever au petit matin de notre petit paradis tranquille pour rejoindre le Cambodge, le visa de Yulia expire aujourd’hui! Un dernier petit coup de bateau «longue queue» (surnommé ainsi du fait de la longueur de l’arbre de l’hélice) avec un Hollandais travaillant sur place qui me change mes Kips contre des Dollars US à un taux plus avantageux que sur les îles ou à la frontière.
Nous rejoignons un troupeau de touristes blancs pour grimper dans un bus qui s’apparente plutôt à une fournaise, la clim, bon sang!!!!! Trop tard, je suis déjà en nage! Nous retrouvons dans ce bus…pourri, l’Hollandaise (décidément!) avec laquelle nous avions fait le tour sur le plateau des Boloven. Une autoroute touristique, on retrouve tout le long les mêmes personnes!
Nous arrivons après moins d’une heure de bus à cette frontière si redoutée pour le porte-feuille! Tout d’abord il faut sortir du Laos, le fonctionnaire ne perd pas le nord et applique ce qui fonctionne du coté Cambodgien. Comme par magie la taxe supplémentaire pour service du week-end passe de 1USD à 2USD, n’attendez évidemment pas de reçu! Cela commence bien!
Après quelques centaines de mètres, nous arrivons coté Cambodgien, nous avons déjà nos visas mais ceux (la plupart) qui le font à la frontière, le prix passe, en fonction de l’humeur, de 22USD à 25USD. Bien évidemment, le prix normal étant de 20USD, l’inflation touche tout le monde!
Mais ce n’est pas fini, ils font toujours les contrôles H1N1 ici, la petite prise de température obligatoire (que le «médecin» ne regarde même pas le résultat) coûte 1USD… Pour finir en beautée, le coup de tampon d’entrée sur ce visa chèrement acquis coûte 1USD.
Au final, si on compte les fameux 5USD d’urgence pour faire le visa dans la journée à l’ambassade (pas de reçu évidemment…) + 1USD au Laos + 1USD de température + 1USD de tampon + pour les autres entre 2 et 5USD pour faire le visa, la corruption revient tout de même à 8USD pour un visa qui en coûte 20!!!!! J’adore la corruption, ces imbéciles de douaniers arrivent à se persuader que c’est normal!!! En tout cas la caisse commune doit être bien remplie pour Noël à pigeonner chaque touriste de 8USD! Bien évidemment, personne ne fait rien malgré que cette pratique s’ffectue très largement et au grand jour…
Bon, on prend un autre bus qui va nous conduire, avec 3 heures de retard à Phnom Penh. Nous nous arrêterons à une «aire» où des gamins essayaient de nous vendre toute sorte de denrées alimentaires avec une technique imparable pour attirer notre attention…L’araignée! Ils décollaient et recollaient sur leur ou nos tee-shirt une grosse araignée noire comme si c’était un sticker! Peu d’entre nous avaient l’envie de se retrouver avec une mygale (?) qui se ballade sur le thorax, si Auchan utilisait cette technique de vente, il n’y aurait plus grand monde dans les hypermarchés!!
Le lendemain, après être arrivés et correctement installés dans notre hôtel, nous faisons la tournée des ambassades. Tout d’abord le Vietnam où Yulia confirme qu’elle n’a pas besoin de visa pour 15Jours et moi qui dépose mon passeport pour un visa d’un mois contre 40USD, prêt cette après-midi. Comme d’habitude, et heureusement pour nous, une pléthore de documents improbables est demandée pour le traitement du visa mais au final seule une photo et un formulaire sont exigés.
Direction ensuite la Chine avec notre sympathique Tuc Tuc qui ressemblait à un Indien avec son teint mat (les Cambodgiens ont une peau très hâlée) et son engin, sans aucun doute le plus beau de la ville! Pour la Chine, on rigole un peu moins avec la sécurité (fouille tout de même assez approximative, plus protocolaire que réellement efficace), nous nous attendons aux mêmes galères que la précédente demande de Yulia en Mongolie. Alors cette fois, c’est moi qui ai besoin d’une myriade de documents inutiles et Yulia qui a simplement besoin d’une photo! C’est le monde à l’envers!!!!
L’après-midi, direction le terrifiant centre de torture de Tuol Sleng dont je vous invite à découvrir l’histoire ici : http:⁄⁄fr.wikipedia.org⁄wiki⁄Musée_Tuol_Sleng .
La visite est épouvantable, bien pire que Auschwitz où les traces de mort ou de tortures sont inexistantes. C’est le concentré de tout ce que l’humain a fait de plus horrible envers son égal. En 1975 , 2 jours après la prise du pouvoir par l’armée de Pol Pot de Phnom Penh, la capitale fut vidée totalement de tout ses habitants. Tout ceci dans le but de dissiper les rassemblements et d’obliger les citadins à se débrouiller par eux-même dans la campagne. Tuol Sleng était un lycée transformé par les Khmers Rouges en centre de détention et de torture. Pour y être incarcéré, il fallait être un ennemi de la nation, en d’autres termes, le simple fait de porter des lunettes était considéré comme un signe d’intelligence et donc «à exterminer». Par ailleurs, une séance de tortures donnait environ 150 noms. PoL Pot disait qu’il ne fallait que 1000 partisans pour reconstruire le pays, à ce rythme d’extermination, il n’serait pas resté grand monde! Les conditions de détentions sont ignobles, identiques aux placement des esclaves noirs dans les galions en route vers l’Amérique, rangés serrés les uns aux autres, têtes-bêches, accrochés à une barre de fer aux pieds. Chaque personne était torturée en fonction de sa «résistance» par des moyens innommables et moyenâgeux. Il y avait 3 groupes de bourreaux, les gentils, les chauds et les brûlants, classés selon leurs violence (les jeunes était les pires). Tout les moyens furent utilisés pour arracher un «aveux » de complicité avec la CIA ou autre : armes blanches, électricité, noyade, fouet, insectes piqueurs et j’en passe…
Tuol Sleng est composé de 4 bâtiments dont un entier était utilisé pour les tortures, les anciennes salles de classe ont le carrelage imprégnées de sang tellement les supplices étaient barbares.
Je recommande chaudement le film «Tuol Sleng, la machine à tuer Khmer Rouge» où sont confrontés anciens bourreaux et rares survivants (7!). Les bourreaux reconstituent les scènes de garde, torture et surtout d’exécution avec un naturel édifiant!
Tous les suppliciés étaient systématiquement exécutés à une vingtaine de kilomètres plus loin, au Killing Field. Au total, tous les intellectuels et 25% de la population cambodgienne ont péri en 4 ans de domination Khmer Rouge…
Le Killing field de Choeng euk par ailleurs constitue la visite suivante qui est encore plus terrible. Le site est composé de 129 fosses communes où les condamnés étaient amenés, sans le savoir, devant la fosse pour y recevoir un coup de barre de fer sur la nuque, couplé d’un égorgement sanglant. Personne n’y échappaient, femmes, hommes, vieillard, enfants, bébés, ces derniers avaient le crâne éclaté contre l’arbre du site devant leur mère…
De nos jours, toutes les fosses n’ont pas été mises à jour et lors de notre passage, on venait d’en découvrir une nouvelle, les os ressortent sous l’effet de la pluie. Ainsi le site est cauchemardesque avec des bris d’os partout ou même des os entiers avec des morceaux de tissus (seul habit des condamnés rarement récupéré car imprégné de sang) qui jonchent le sol et que tout le monde peut ramasser…
Bref, voici un site qui donne vraiment envie de pleurer…
Heureusement, la capitale recèle d’autres sites touristiques et dieu sait si les Cambodgiens ont envie de tourner la page et ne jurent que par la paix.
Maintenant, lorsque l’on dit Cambodge, le principal attrait touristique reste et restera longtemps les temples d’Angkor! Le musée central à la magnifique architecture n’est pas très bien fait à notre goût mais l’on y voit encore des armées d’archéologues essayant de retrouver une frise à partir de ses fragments. Beaucoup de Français traînent dans le coin. On surnomme Phnom Penh la petite Paris d’Asie, c’est franchement exagéré! Mis à part quelques bâtiments coloniaux en mauvais état, rien ne rappelle Paris, selon moi! Néanmoins, nous avons apprécié Phnom Penh, sans trop savoir pourquoi. Les gens sont adorables et honnêtes. Nous dîneront dans une ginguette locale où nous nous ferons des amis Cambodgiens: lui, remercie le ciel que sa famille n’ait pas été touchée par la machine à tuer Khmer Rouge, en était-ce, peut-être, un lui-même!
Le lendemain, nous retournons à l’ambassade du Vietnam pour y retirer mon joli visa et déposer notre demande à l’ambassade de Chine dans la foulée.
Je m’étais renseigné sur Yulia mais pas sur moi, qu’il n’y aurait, comme la dernière fois, aucun problème! Erreur, tout était inversé, c’était désormais moi qui aurait des difficultés à obtenir mon visa. On me dit au guichet qu’il faut un billet d’avion de retour et une invitation. Rien de tout cela pour Yulia alors que nous voyageons ensemble…
Quoiqu’il en soit, on vas rentabiliser le déplacement et le temps, têtu et inconscient comme je suis, je demande au Tuc Tuc ne nous trouver un ordinateur et une imprimante pour « fabriquer » ces documents. Un petit coup de photoshop plus tard, me voici avec un magnifique billet d’avion et une invitation, j’était aveuglé par la contradiction des dates entre chaque documents. Pensez donc, nous déclarons aller à Shanghai avec une invitation à Pekin et un billet d’avion (datant de janvier) en partance de Guangzhou (prsè de Hong Kong) ! J’ai vraiment été naïf de croire que le guichetier le serait!!!!!!
On se repointe à l’ambassade, même fouille inutile avant de présenter les documents fraîchement falsifiés. Le Chinois fronce les sourcils et bloquent un moment sur chaque feuille, j’ai compris à ce moment que j’ai été trop loin et que c’était trop tard, la vitre m’empêchait de lui arracher des mains comme si ne rien n’était!!
On nous demande de patienter le temps qu’il passe un coup de fil à l’hôtel de l’invitation, je suis cuit! Je forçais mes yeux pour observer les mouvements derrière la vitre teintée, on dirait qu’ils font carrément une réunion! Aie Aie Aie, que j’ai été stupide! on me prend mes empreintes digitales pour vérifier si mon passeport n’est pas un faux non plus (j’était effondré!), j’était cramé!
On nous dit «see you friday!» avec un léger sourire presque sournois! Je vais passer la pire semaine du voyage, aux temples d’Angkor pendant que l’on m’inscrit sur liste noire ou je ne sais quoi! On ne rigole pas avec les Chinois!