Nous enjambons cette ligne rouge symbolisant la frontière située sur ce pont haut perché au-dessus du torrent déchaîné.
Pour la première fois de notre voyage, une frontière a réellement un sens en séparant deux mondes différents, les symboles sont forts :
Du côté Chinois, l’ombre règne encore en cette heure matinale sur les plateaux désertiques Tibétains mais du côté Népalais, bien que 2 heures différentes, le soleil arrose abondamment une nature extrêmement riche et verte.
Du côté Chinois, les soldats sont froids, droits et impeccables mais du côté Népalais, ils sont très décontractés, voire même un peu négligés!
Du côté Chinois, les visages sont sans expression et jaunâtres tandis que les Népalais sont basanés et d’un sourire éclatant.
Du côté Chinois, les formalités sont lourdes, rien n’est laissé au hasard mais une fois au Népal, il est possible de passer à côté du bureau des visas sans que quiconque ne vous arrête!
En effet, à force de marcher on se demande où on va nous faire notre visa, mais nous l’avons déjà dépassé! On doit revenir sur nos pas pour rentrer dans le bureau où grouille pas mal de monde dans un joyeux foutoir! Les démarches sont simples et rapides mais nous n’avons pas un seul Dollar sur nous! Aucun moyen de changer nos Yuans dans les banques, mais il y a toujours une solution avec les employés !! En payant l’équivalent de 120USD en Yuans au fonctionnaire, nous obtenons en 5 minutes deux jolis Visas de 30Jours qui en valent 80USD!!! Je me souviendrait toute ma vie de la petite mise en scène du guichetier au sourire si blanc qui sait parfaitement que nous sommes coincés mais nous conseille vivement de payer en Dollars, dans notre intérêt!!!! A un taux de change (au noir officiel!) de moitié, j’ai hésité à postuler aux postes frontières Népalais!!!
Peu importe, j’aurais dû prévoir le coup au lieu de m’amener comme un cheveu sur la soupe, prendre un visa minimum de 15jours et l’étendre ensuite m’aurait coûté le même prix.
On ressort comme on est entré, personne ne contrôle rien, on ne vous demande rien, surprenant après le Tibet et ses check-points tout les 5 km, ici c’est la plus énorme passoire que nous avons rencontrée !! Enfin, dans le fond, surtout en sortant de la Chine, le gouvernement Népalais prend peu de risques et savent que ceux qui resquillent se feront attraper à la sortie! La fine équipe que nous sommes, reste ensemble pour louer un 4×4 plus rapide et bien plus confortable que le bus local Tata dont la différence de prix, divisée par 7, reste minime.
Nous entrons littéralement dans un tout autre univers, définitivement cette frontière est la plus marquante de toutes! Le 4×4 démarre en trombe avec nos bagages sanglés et bâches sur le toit, on roule à gauche, on klaxonne à tout va, l’organisation est bien plus anarchique! Nous avons mis les deux pieds dans le royaume Tata, tout est Tata et Tata est partout, camion, voiture, 4×4, bus, etc…! Les décors sont stupéfiants et drôles avec les slogans à l’arrière du genre : J’attend votre signal, klaxonnez SVP, au revoir, bisous, etc…!!!
L’eau coule à flot ici, la route se faufile entre les montagnes aux abords d’une nature luxuriante et parsemée de magnifiques cascades, la température a bien augmenté, on range les polaires sans doute pour la dernière fois! Je ne vous parle même pas des couleurs et senteurs, les femmes sont en saris de toutes couleurs, les chignons impeccablement rangés, un petit sticker style diamant sur le nez, les magnifiques visages des Népalais sont définitivement souriants, la blancheur de leurs dents ressortent avec leur couleur de peau! En prime, selon Yulia, les hommes en général et notamment notre chauffeur sont beaux comme des dieux!!!
Je sens qu’on va se plaire ici !
On crève un pneu à mi-chemin nous permettant de se poser au milieu du village et observer l’ambiance qui y règne. Que nous sommes dépaysés! Bienvenue au Népal et par la même occasion, de l’influence Indienne!
Il nous faudra 5 heures pour parcourir les 103Km entre la frontière et Kathmandou tandis que le paysage a tendance à se dégrader pour finir par une horreur totale sur cette route en construction juste avant l’aéroport! Excusez-moi du terme mais franchement c’est un bordel sans nom! La poussière mélangée aux fumées d’échappements sont irrespirables, tout le monde (y compris notre chauffeur) klaxonne et essaye de doubler l’autre, même si il faut passer sur le trottoir ou sur la file d’en face quitte à la bloquer!
Nous finissons par arriver dans notre ghetto à touristes, Thamel! On nous avait raconté toutes les horreurs sur ce quartier, nous on l’aime bien (en basse saison en tout cas!), les Népalais ne sont pas insistants et foncièrement sympas, honnêtes pour la plupart et il semble qu’une vague de ras-le-bol de la négociation ait touché la majorité des commerçants au point de proposer directement le prix correct et fixe!
Nous étions à la recherche de l’hôtel parfait à Thamel, il semble qu’il n’existe tout simplement pas. Trouver un lieu qui propose une chambre correcte avec salle de bain et eau chaude garantie pour un prix bon marché, calme, proposant un jardin, wifi et un générateur en cas de coupures (fréquentes) relève du marathon. Franchement, nous en avons fait une trentaine (oui, on avait que ça à faire!) et celui qui représente le meilleur rapport qualité⁄prix selon nous est le Floride Hotel. Bien qu’il n’y ait pas de wifi (mais on avait la clé du wifi de l’hôtel Courtyard juste derrière: 70756a6531 !), de générateur, un lit dur et quelquefois pas d’eau chaude, les chambres deluxe sont un vrai régal pour 700 roupies taxe incluse (7€) notamment pour le magnifique petit jardin-restaurant attenant.
Une fois posés, nous nous empressons de trouver le magasin de trekking où Millet nous a envoyé de France un nouveau sac à dos pour Yulia car le précèdent présentait un défaut de conception. Une petite parenthèse pour saluer l’extrême efficacité du service client ainsi que la qualité du matériel Millet (pour d’ailleurs des prix raisonnables), contrairement à Columbia ou Asus, par exemple, qui n’offre pas de base une garantie internationale, pensez-y avant de partir en tour du monde!
Nombreux sont les restaurants et les magasins de faux trekking (faites très attention avant de partir en montagne!) mais les Népalais semblent toujours assez honnêtes et sympathiques même si il ne faut pas oublier qu’ils restent des commerçants avant tout!
Le bruit, la pollution, la poussière, la saleté et le monde prédominant en dehors de notre ghetto Thamel, nous peinons à sortir pour visiter le Durbar Square, notamment après 14jours intensifs et de haute altitude au Tibet! Le tracé piétonnier conseillé par le LP regorge de petits sanctuaires assez sympathiques mais de là à dire que ce sont des joyaux, on pousse un peu! Les sanctuaires Tibétains pullulent et je crève d’envie de connaître la réplique d’un touriste Chinois sur la quantité de bouquins sur le Dalaï-Lama et des drapeaux ⁄ stickers «Free Tibet» disponibles tous les 100m !!
Les sanctuaires Hindous sont aussi prédominants, de la petite statue de Ganesh au grand temple en assez mauvais état, tous sont saupoudrés de rouge et proposent leurs clochettes aux passants. Le plus fascinant reste l’orfèvrerie et surtout les sculptures sur bois splendides. Après 2Km à pied et l’équivalent en bruit du décollage de 849 avions A380, nous arrivons sur le Durbar Square où un policier ne manque pas de nous aiguiller vers le ticket-office.
Le plus bel exemple de l’art Newar en ce qui concerne la sculpture sur bois est le temple de la Kumari. Datant du 18éme siècle, les superbes fresques sont assemblées sans clous ni colles! La plus surprenante immersion dans la religion hindouiste reste ce que recèle ce temple, à savoir une petite fille, considérée comme une déesse vivante! Ouah, quelle chance me direz vous, eh bien non, cela doit être un enfer car cette petite fille choisie à l’âge de 4 ou 5 ans n’a pas le droit de sortir, ne peut se montrer que quelques secondes de son balcon à ceux qui payent grassement pour cela, ne doit surtout pas bouger ni jouer par crainte de se blesser car la présence de sang (tout comme ses premières règles) la destituerait immédiatement de son statut. Pour finir, la pauvre petite restera toute sa vie célibataire à cause d’une superstition qui prévient que le jeune prétendant mourra dans les mois qui suivent son mariage…
L’origine de la vénération de cette Kumari date du 17éme siècle, date à laquelle le souverain en place avait l’habitude de jouer aux dés avec la déesse protectrice de la cité. Mais un jour Jaya Prakash eut la mauvaise idée de lui faire la cour et la déesse Taleju s’enfuit alors pour ne revenir tourmenter le souverain que dans ses rêves chaque nuit à propos de sa conduite inqualifiable. Le roi n’obtint le pardon qu’en promettant la vénération annuelle de sa réincarnation, la Kumari!
Première rencontre également avec des scènes érotiques, il est certain que la souplesse et l’imagination ne font pas défaut!
Seconde visite, le Monkey Temple (temple des singes), situé sur une colline dominant la vallée de Kathmandou, se situe le fameux stupa. A la place de singes, nous avons trouvé pas mal de chiens enragés, à la place du grand stupa mondialement connu (qui est en fait celui de Bodhnath), nous trouvons sa réplique miniature sous la pluie! Le site est malgré tout assez sympathique!
Demain nous partons pour Bhaktapur, situé à seulement 13Km de Kathmandou mais il faut près de 1h30 pour y parvenir en taxi avec cette satanée route en construction!