Eurasie 2010 : Yushu

Nous quittons la gare flambant neuve de Dunhuang, direction Lanzhou afin de rejoindre Xining puis Yushu aux confins du plateau Tibétain.

Il nous faudra près de 3jours de transport pour rallier ces deux villes, nous espérons que cela va en valoir le coup! Nous retrouvons donc dans ce premier train de nuit entre Dunhuang et Lanzhou ce fameux Chinois des éoliennes, encore plus ravi que nous de nous revoir malgré l’importante barrière linguistique. Nous y rencontrons également un charmant professeur d’université en architecture (on en profite pour l’utiliser un peu comme interprète avec ce brave bonhomme du vent!) très éclairé à ma grande stupéfaction. Je pensais la totalité des Chinois mal informés sur les visions des pays étrangers envers les mauvais côtés de la Chine (Je vous rassure, la plupart le sont tout de même, ou la plupart ne veulent surtout pas savoir!), eh bien cet homme était parfaitement conscient des conditions au sein de son propre pays et avons enfin pu parler librement de sujets sensibles comme la censure, la politique de l’enfant unique, Cigarettes, crachats, et mille autres sujets aiguisant notre indéniable qualité (ou défaut?) de critiquer! Nos visions demeurent différentes mais voyons à présent d’un autre angle cette Chine que nous comprenons finalement TRES mal! Plusieurs facteurs sont à prendre en compte, la culture ancestrales (essayez de trouver un autre pays avec 5000ans d’histoire connue!), les qualités des Chinois pour la seconde approche (la colère est ici une grande faiblesse, tout est bien pondéré), l’immense fierté patriotique (on nous souhaite le bienvenue partout et la première question demeure toujours «La Chine vous plaît-elle?») et la multitude des contradictions de ce peuple correspondant sûrement à une certaine modération de toute chose. En tout état de cause, je pense qu’une vie entière n’est pas de trop pour vraiment tirer une synthèse correcte du caractère Chinois!
Après nous avoir, bien sur (!), invité à visiter sa ville, nous quittons ce fabuleux professeur (qui par ailleurs conçoit de véritables buildings; On entrevoie la Chine de demain qui avance encore à toute vapeur! On a du soucis à ce faire, croyez moi!) afin de rejoindre immédiatement la gare routière de Lanzhou pour rejoindre Xining, ville départ de la fameuse ligne de chemin de fer reliant Lhassa au reste du pays. Nous arrivons dans l’après midi et essayons malheureusement en vain (trop tard!) d’admirer le musée régional avec ses véritables mandalas de sable. Sur la route, un Chinois ne comprend pas pourquoi je ne parle toujours pas le Chinois, c’est vrai il faudrait que je m’y mette, en deux mois ça sera réglé non?!! Je ne parle déjà pas l’Anglais, alors le Chinois…!!!!
On se faufile au milieu des taxistes (premiers taxistes moto, premier endroit de Chine où on cesse de nous harceler pour le taxi, on passe sur ce point parfaitement inaperçu!) afin d’acheter nos billets pour Yushu en la gare routière toujours aussi chaotique! Nos billets de bus en poche, nous flânons au marche Tibétain en face de la gare et y rencontrons les premiers vrais Tibétains et moines avec les innombrables sourires associés. Nous n’avons pas vu un étranger depuis bien longtemps, on se croirait premier aventurier avec les regards et la curiosité des Chinois mais pour les Tibétains qui ne semblent pas farouches, cela va directement au contact sans besoin de raisons avec un bonjour, un immense sourire général et plus parfois! Cela promet, je suis (égoïstement!) tout excité de voir les premiers vrais Tibétains de ma vie, j’en ai rêvé une multitude de fois. Le projet initial de voyage (lorsqu’il mûrissait dans ma tête comme un rêve improbable) était de rallier le Tibet via le chemin le plus difficile afin que le Tibet apparaisse comme ce qu’il a toujours été avant ce chemin de fer, le pays des neiges interdit et inaccessible. Lhassa était donc le but ultime à rallier, je m’apercevrais plus tard que ma véritable passion n’était pas Lhassa mais bien les Tibétains eux mêmes, originaux, à peu près vierges de toute influence ou culture extérieure, en bref, le pays que l’on voit tous dans les films comme «7 ans au Tibet» qui s’avère, au détour, être une magnifique histoire vraie!
Yushu, dont la région n’est plus considérée à proprement parler comme le Tibet actuel, est à présent une région Chinoise qui fait quasiment intégralement partie du Tibet historique. Sachez que le Tibet historique, avant l’invasion Chinoise de 1959 représentait près du tiers du territoire de la Chine d’aujourd’hui! Nous nous rendons donc dans l’une des régions les plus isoléés du plateau Tibétain, peuplé à 97% de Tibétains et à la frontière du Tibet actuel.
Un Chinois passionné par le Tibet, nous a offert spontanément avant notre départ de la GuestHouse deux VCD avec les plus belles musiques Tibétaines qui cartonnent sur le plateau en ce moment, effectivement nous les entendons en boucle et cela restera attaché à notre séjour à Yushu!
Nous venons malheureusement, à l’écriture tardive de ce récit, qu’une terrible tremblement de terre a frappé l’exacte région de Yushu et fait au moins 1200 morts, certainement des gens que nous avons croisés et connus plus ou moins. Nous sommes effondrés de cette triste nouvelle et espérons que la bourgade et surtout les gens qui nous ont laissés tant de bonheur et de souvenirs restent intacts. Nous pensons à eux très fort en ce moment si douloureux.
Nous sommes donc devant le bus, impatients de rejoindre ce pays si loin, 14 heures de trajet sont nécessaires pour couvrir à peine 800Km de route, cela s’annonce rude. Le problème principal n’est pas la durée, ni la route, ni le bus, ni l’altitude mais ces satanés fumeurs qui jouissent sans contrainte de leur plaisir principal…dans le bus évidemment! Nous sommes les seuls étrangers à bords et vous ne pouvez imaginer ma joie et excitation lorsque nous avons vu les passagers de devant qui étaient de véritables Tibétains, habillés traditionnellement (comme dans les films) et aux multiples parures (beaucoup de jade bleue (?!), ils en raffolent!) ornant une longue chevelure. A notre grande surprise les Tibétains et Tibétaines sont splendides, autant au niveau de leurs ornements que de leur physique. Ce sont vraiment des tops models, de très loin les plus belles personnes rencontrées jusqu’à présent. Yulia a encore les yeux qui pétillent et franchement il y avait largement de quoi!!
Nous partons de Xining pour rejoindre le plateau Tibétain et franchir en bus un col a 4824 mètres d’altitude, autant dire qu’on en a avalé des bouboules de Coca homéopathique afin de résister à ce mal d’altitude tant redouté! Au final, nous ne semblons pas si facilement sujet au mal d’altitude et c’est totalement inaperçu que nous passons au dessus du Mont Blanc! La route est magnifique, nous grimpons tout d’abord interminablement sur le plateau Tibétain en voyant une triste désertification faisant son œuvre aux abords (La Chine est confrontée sérieusement à ce problème qui ronge rapidement des terres fertiles du Nord) du plateau, puis une région de lacs glacés. Ne vous attendez pas à des pics enneigés comme au Népal, nous ne sommes que sur le gigantesque plateau Himalayen! Les paysages ressemblent donc fort à ce que nous avons connu en Mongolie, à la seule différence près que nous sommes en moyenne à 4000 Mètres d’altitude minimum et que la neige est inexistante à moins de 5000 voire 6000 Mètres! Les drapeaux à prières commencent à ponctuer le voyage de leurs couleurs éclatantes. Après un voyage interminable à cause de ces fumeurs, nous arrivons à environ 1 heure du matin à Yushu sous un froid perçant! Nous nous rendons immédiatement à une GuestHouse, connaissance de l’auberge de Xining. Les lits sont chauffés tellement il fait froid, ça fait tout drôle!
Nous nous réveillons le lendemain matin sous un superbe soleil et une température ayant au moins doublée par rapport à la nuit, il fait vraiment chaud maintenant à 4000Mètres!!!! Nous nous mettons immédiatement en marche vers un autre hôtel car cette auberge étant en finition, l’eau est littéralement inexistante! Nous ne sommes pas confort-confort mais un minimum d’eau est indispensable pour se laver les dents et faire une toilette de chat! Nous faisons donc le tour du centre ville sous un soleil éclatant et une chaleur dingue, nous sommes en tee-shirt à 4000 Mètres (et les coups de soleil que nous avons hérité là-haut prouvent que nous sommes plus proche du soleil!). Sur notre chemin nous croisons que de superbes Tibétains et Tibétaines, beaucoup nous offrent de grands sourires agrémentés d’un «Tachi Délé», bonjour en Tibétain. L’un d’eux ose même sans aucun complexe ou peur, en passant devant le bâtiment du gouvernement de la région, froncer les sourcils en pointant le bâtiment Chinois d’un doigt et en imitant un pistolet de l’autre main, style de dire «Méchants envahisseurs Chinois qui sont armés et n’hésitent pas à utiliser leurs armes contre les Tibétains, peuple pacifique». Dans cette région, en tant que voyageur, nous sommes sûrement plus attentif à un cadrage politique, qui honnêtement, semblait sincèrement cool ici malgré la période si sensible d’aujourd’hui. Peu le savent mais traditionnellement, le Tibet est toujours fermé aux étrangers et journalistes par les autorités lors du mois de mars, date du coup d’état Tibétain manque et sévèrement réprimé dans le sang. Le gouvernement régional et les postes policiers à responsabilités sont tenus par des Chinois par la partie visible de l’iceberg. Les policiers du terrain et la plupart des fonctionnaires ayant contact avec la population largement Tibétaine semblent n’être tenus que par des Tibétains. C’est sans doute pour cela que nous déambulons comme des rois dans la cité avec les multiples sourires des policiers et que le climat est détendu dans la ville, nous n’avons pas ressenti une forte animosité contre les Han, ethnie Chinoise.
Pendant que j’y suis, une chose EXTREMEMENT surprenante nous a déroutés lors de ce passage, tous les véhicules et commerces arborent fièrement un large portrait du Dalaï-lama, acte pourtant puni jusqu’à 20 ans d’emprisonnement dans le Tibet actuel. Nombre de boutiques dans le département store vendent, sous l’œil des policiers, d’immenses posters de ce sage homme, pourtant quasiment considéré en Chine comme un terrorisme indépendantiste ayant irrémédiablement franchi la ligne rouge. La Chine ne manque d’ailleurs pas une occasion de discréditer le prix Nobel de la paix et impose une importante pression politique et économique aux pays qui reçoivent ce leader spirituel du peuple Tibétain. Notons que le Dalaï-lama ne demande plus l’indépendance de son pays en disant à juste titre : «Le Tibet est en retard au niveau économique et a besoin de la Chine pour son développement, mais le Tibet est en avance au niveau spirituel et nous ne demandons que la liberté religieuse». De ce que nous avons vu à Yushu est très déstabilisant, il ne semble pas possible de tirer une seule et même conclusion du sort des Tibétains au sain de la Chine. Il semble que le Tibet actuel souffre d’une pression policière importante avec les innombrables restrictions, d’un envahissement Chinois rendant les Tibétains minoritaires avec le lot de soucis qui suit (racisme, chômage, violence, etc…), et d’un statut «autonome» (à la soviétique!). Munis de sa frontière avec le reste du pays, les Tibétains sont confortés dans leur sentiment patriotique (Lhassa était la capitale, et celles-ci ont toujours été plus résistantes!), tout en les excluant d’office du fameux idéal Chinois, placardé sur la porte de la place Tian An Men « Vive la paix et la fraternité entre tous les peuples du monde».
Il est vrai que le Tibet a toujours été le fameux pays interdit à tout étranger et inaccessible (ce n’était pas un modèle d’ouverture non plus!). Il est également vrai que le pays était un vaste état féodal resté au moyen âge (pays sous protectorat Anglais, resté sans «défense» à la seconde guerre mondiale où l’Europe fut affaiblie et la plupart de nos colonies libérées de nos griffes), mais les Tibétains d’aujourd’hui résistent farouchement au développement économique de leurs région et préfèrent rester à cette si belle époque reculée et d’un autre temps. Par conséquent, la zone est pauvre (on le voit bien avec le tremblement de terre où les gens déblaient les gravas avec leurs mains).On serait tenter d’accuser la Chine de délaisser la région. Il en découle que les Tibétains (très semblables aux Mongols sauf que ces derniers ne sont pas opposés au développement et évoluent en harmonie avec leurs traditions et croyances) sont souvent associés à un sentiment de saleté dans la vision Chinoise, accentuant de fait le fossé idéologique entre les deux peuples, encourageant le racisme et l’auto défense de chacun envers l’autre. Pour ma, je ne pense pas que les Chinois délaissent particulièrement la zone, il est fait un effort pour désenclaver progressivement les villes et villages avec, entre autre, les routes et la plus incroyable voie de chemin de fer au monde. Les villes et villages semblent correctement développés mais avec une population qui ne désire pas ce changement et surtout le ressent à chaque fois comme une agression. Je doute que cela soit facile pour les intérêts de chacun. En tout état de cause, il va falloir s’y faire, la Chine ne lâchera jamais le Tibet, trop d’intérêts sont en jeux, notamment la position stratégique et les innombrables ressources telles que le contrôle de l’eau qui alimentera dans un futur proche, j’en suis sûr, les prochains conflits mondiaux.
« de 6 »
Tout cela pour dire qu’en Chine si on se tient à carreau comme en la région de Yushu, la liberté de culte semble illimitée et les conflits sociaux paraissent moindres (même si on ne peut comparer Yushu avec 97% de Tibétains et Lhassa devenue quasiment une ville Chinoise). Les Tibétains de l’actuel Tibet, en revanche, protestent régulièrement sous toute forme et se radicalisent de plus en plus pour exiger une autonomie dans le vrai sens du terme, ce qui n’arrange rien pour adoucir leur situation. Aucune pitié pour les Chinois, qui sont toujours dans l’idéologie communiste du «Nous sommes tous frères et égaux». Bien évidemment, un fossé gigantesque séparent les deux ethnies depuis 1959 qui restent strictement séparées et ne se comprennent pas. Comme le dit si bien le gérant de l’hôtel, si vous dites le mot magique «Dalaï-lama» à un Tibétain, vous obtiendrez toute son assistance et amitié. Autant dire que ce conflit dure depuis plus de 50ans et qu’avec une si forte identité culturelle, les Chinois ne sont pas sortis de l’auberge, on peut parler d’Israël!
Oui oui, je change d’avis légèrement sur la situation au Tibet et modère quelque peu mes a prioris.
Pour en revenir à notre recherche d’hôtel, nous les parcourons tous, l’un plus miteux et cher que le précèdent (la culture de la négociation n’existe pas au Tibet, on nous regarde à chaque fois comme des extraterrestres lorsque nous essayons!) et souvent sans possibilité de se doucher (!). Enfin, nous finirons dans un charmant petit hôtel aux chambres relativement confortables, la douche (le luxe!) et surtout le plafond et le mur dont les peintures se décollent à cause de l’humidité et bien entendu le gros rat associé à tout cela qui grattouille sous votre lit à 5 heures de matin et qui ne déguerpit que si vraiment vous êtes insistant. A voir la tête de Yulia, on se demande vraiment qui a plus peur de l’autre, le rat de son côté semblait tout cool car il est bel et bien chez lui!
Veuillez accepter nos plus plates excuses si les descriptions ne sont pas approfondies et que les photos (notamment les portraits) sont largement insuffisantes, mais la vie qui règne la- bas ne sera jamais assez satisfaisante à décrire, il faut le vivre. Quant aux photos, déjà que nous étions fascinés par ces personnages (on ne pense pas et on n’a même presque pas envie à prendre un portrait, on croirait presque que ça abîmerait nos souvenirs!). Il faut garder une part de magie personnelle!) mais essayez de faire des photos lorsque vous êtes la star partout: tout le monde vous regarde, c’est un peu gênant de prendre des photos et quasiment impossible de faire des scènes naturelles sachant que dès que vous prenez votre appareil photo, plusieurs Tibétains viennent derrière votre épaule pour regarder ce que vous faites! Encore plus impressionnant que la Chine!
Commençons tout d’abord par le (très) mauvais côté des choses, comme toute religion et site sacré associés, cela attire tous les mendiants plus ou moins véritables de la région. C’est la première fois que nous sommes confrontés à ce soucis mais si c’est semblable en Inde, c’est sincèrement insupportable! Beaucoup de parents Tibétains, qui restent, d’ailleurs, assis à longueur de journée au centre ville à tailler une bavette, envoient leurs enfants mendier (plus c’est jeune, plus ça doit rapporter…). Partout (je dis bien «partout», même à toutes les tables et étages d’un restaurant ou commerce quelconque), maquillés pour faire croire à une grande pauvreté (sans aucun doute réelle pour certains). Quand je dis insistant et pénibles, je mesure mes mots! J’ai failli perdre ma patience et raccompagner par le col une jeune mendiante à la sortie du restaurant (c’est la patronne qui l’avait fait à ma place, pas plus délicatement!). Oui, c’est malheureux mais je suis de ceux qui n’encouragent pas cette pratique, surtout avec des enfants qui devraient être à l’école et qui travaillent pour leurs fainéants de parents pour ne ramener que de la monnaie sonnante et trébuchante. Tous disent que c’est pour manger mais proposez un bol de riz à la place du billet et vous observerez leurs têtes!
Bref, nous sommes constamment sollicités: ils n’arrêtent pas de nous tapoter, vraiment agaçant et impossible de passer sa colère sur un enfant!
Mis à part cela, aucun soucis, la magie du lieu fait son œuvre et nous laissera de nombreux souvenirs impérissables malgré seulement 2 jours sur place!
Dans la rue, c’est un bouillonnement de vie qui s’offre à notre vue: des artisans fabriquent les éléments dorés constituants des temples Tibétains, nombre de commerces sont spécialisés dans les objets de cultes et les bijouteries vendent beaucoup de jade bleu dont les Tibétains raffolent pour orner leurs chevelure ou monter en pendentif ⁄ bague et bracelets. Les moines (qui semblent adoooorer le shopping!!!!) croisent les pèlerins en habits traditionnels tournant inlassablement leurs moulins à prières portables. Le climat est sec, la poussière vole, il fait chaud et le soleil est éclatant. Nous montons au monastère sur la colline, sans doute pas le plus joli mais c’est le plus proche! Nous montons un dédale de quartiers d’habitations typiques haut en couleur, nous atteignons le monastère aux couleurs vives flamboyantes, magnifique, nous ne trouvons pas l’entrée!!! Disons-le, par moment ça sent franchement mauvais, les toilettes doivent se limiter à un trou près du mur!
Nous rencontrons deux moines qui spontanément viennent vers nous et nous offrent des bonbons en nous demandant (en Tibétain, enfin on imagine qu’ils demandaient ça!) d’où nous venions. Ce premier contact est magique, les sourires sont au rendez-vous même si la barrière de la langue introduit une certaine distance. Partout où nous croiserons des Tibétains nous aurons droit aux mêmes sourires et «Tachi Délé», certains rameutant mêmes ses amis ou familles pour nous voir!
Nous continuons vers les drapeaux à prières surplombant le monastère et décidons enfin de grimper en haut du «mont» juste derrière. Plus nous montions et plus c’était difficile, plus les pauses étaient rapprochées; non pas à cause du dénivelé ou de la difficulté du terrain (rien de plus facile) mais simplement que nous avions (naïvement) oublié (nous étions en tee shirt à transpirer) que nous étions au dessus de 4500 Mètres et que le «mont» en question devait culminer à 5000 Mètres! Nos corps nous ont rappelé à l’ordre et avons fait demi-tour après avoir entrevu à notre immense bonheur les premiers pics enneigés du Tibet fermé.
Nous redescendons (tiens, c’est bien plus facile!) vers la rue principale pour y attraper un minibus en direction du sanctuaire tout proche. Là, encore nous sommes les stars dans le bus même si personne ne comprend où nous allons!!
C’est ici que nous vivrons le plus fort moment de cette escapade. Un grand nombre de pèlerins tournent autours du sanctuaire où plus d’ 1,5 milliard de pierres gravées recouvrent les tombes de vénérables moines. Cet endroit possède la plus longue série de moulin à prière au monde, autant vous dire tout de suite que c’est marrant un moment mais après ça commence à faire mal à la main d’essayer de choper la poignée du moulin qui tourne sans qu’elle même ne vous arrache la peau si vous n’êtes plus assez vif!! Certaines poignées sont si usées que l’on y voit l’empreinte creusée dans le bois, voire même certaines fois les doigts! Gare également aux poignées pièges trop usées et taillées comme des rasoirs! Nous verrons ici les plus beaux personnages et auront la plus belle rencontre. Nous serons le plus naturellement du monde invités à suivre un moine avec deux enfants pour effectuer deux tours du sanctuaire, 7 tours de chaque stûpa et des prières dans les minis temples sombres, illuminés seulement de bougies autours des moulins à prières géants. Quel bonheur d’être conduit par un moine qui récite imperturbablement des matras en nous indiquant les portraits des moines les plus saints et bien entendu du Dalaï-lama (mot magique?!). Expérience si simple mais inexplicable. Encore une fois désolé mais il faut le vivre pour ressentir le bonheur d’avoir enfin trouvé le Tibet que j’imaginais (bon d’accord nous n’avons pas beaucoup cherché!)!
Nous repartons du site après avoir essayé de faire quelques misérables portraits (les plus beaux sont dans nos têtes de toutes façons!) et rejoignons notre hôtel où nous nous délectons (un peu moins à 2 heures du matin il est vrai!) des chants Tibétains chantés à tue-tête par les employées! Nous sommes plongés dans un univers totalement diffèrent qui correspond, malgré la modernité environnante à mes rêves les plus fous!
Le second jour nous décidons de faire une incursion vers le fameux monastère dont nous ne nous souvenons plus du nom (!) et trouvons (ou c’est plutôt lui qui nous a trouvé!) un chauffeur de micro-bus taxi sincèrement adorable! Le petit monastère est enbriqué dans des sortes de gorges où une myriade de drapeaux à prières flottent dans le vent. Nous débarquons en ce lieu extrêmement sain avec un groupe de pèlerins. L’intérieur est magnifique avec ses statues, mais le plus inoubliable est la cérémonie de prière avec les pèlerins. Nous y laissons même un billet, radin comme je suis!
Nous négocions honnêtement (sous l’œil du Dalaï-lama en photo sur le pare soleil!) de continuer la course vers les gorges pas toutes proches (ll faut passer un col à près de 5000 Mètres) dont nous ne nous souvenons plus du nom (décidément ça nous a marqué!). La sortie fut magnifique, nous avons pris un moine en stop (pas tous le jours que l’on a l’occase de tomber sur un moine Tibétain auto-stoppeur non?!), notre chauffeur ultra gentil nous a fait le guide touristique en s’arrêtant souvent aux différents sanctuaires (on avait sorti le mot magique «Dalaï-lama»! ) établis dans les zones naturelles. Le plus joli fut sans conteste la rivière avec les pierres gravées de prières Tibétaines, leurs écritures est vraiment magnifiques. Nous finissons notre trip en passant au pied d’un grand pic-glacier et en longeant le fleuve d’un bleu-vert parsemé de petits icebergs.
En rentrant nous décidons d’acheter le billet de bus vers Garzé afin de redescendre vers Chengdu par l’une des plus belles routes d’accès au Tibet. Ce périple devait durer près d’une semaine. Arrivé à la station de bus préfectorale (on se disait aussi que c’était bizarre que les bus en direction du Tibet et passant proche partent de cette station «spéciale»), on nous informe que les étrangers ne sont pas admis à passer via cette route, officiellement cela fait deux ans et demi mais cela semble applicable que lorsque le Tibet lui-même est fermé, ils ferment également les abords immédiats! Le trous à rat! Nous allons voir la police centrale pour essayer de décrocher un quelconque laisser-passer, rien n’y fait. Le fonctionnaire s’excuse même platement devant nous sans vraiment (ou il ne veut pas!) savoir pourquoi c’est interdit «Ça vient du gouvernement!».
Nous tentons tout de même notre chance le lendemain auprès du chauffeur mais apprenons grâce à la patience mimique du taxiste que le bus ne part qu’un jour sur deux et qu’évidemment le bus ne part pas aujourd’hui! Nous voilà obligés de faire le trajet en sens inverse via Xining et donc faire un détour de 1800Km! Notre escapade à Yushu? Deux jours sur place et environ 6 jours de transport (aller: 3jours et retour :3jours!), autant dire qu’il faillait vraiment avoir envie!
Pour le retour, même bus infernal terriblement enfumé mais aux paysages somptueux (l’avantage étant que les paysages non vues à l’aller de nuit sont admirables au retour!), une nuit à Xining avant de prendre un train heureusement direct vers Chengdu, au total 14heures de bus + 25 heures de train!